Sunday, April 19, 2009

HARD WEST & De la viande de chien au kilo

Kova länsi ilmestyy pian ranskaksi: Hard West (L'association)

Parfaitement adapté à la collection Côtelette, Hard West va permettre de découvrir l’autre face du génie finlandais Matti Hagelberg. Pas de carte à gratter ici, mais des pages minimalistes au pinceau, au service de l’un des ouvrages les plus drôles qui a pour sujet la bande dessinée, ou plutôt une forme méconnue de la bande dessinée : le western de gare italien. L’intrigue commence quand un dessinateur finlandais, Mikko Komu, reprend l’un des westerns italiens les plus célèbres, aux aventures duquel se sont succédées des générations de dessinateurs académiques italiens : Calamity Kid. Le livre est presque exclusivement composé des réactions des lecteurs à cet événement souvent jugé comme scandaleux, et le plus souvent en plan fixe. Déjà totalement culte en Finlande, Hard West devrait devenir ici aussi le livre fétiche des amateurs de paraboles insolites liées à la bande dessinée.

Ranskaksi ilmestyy piakkoin myös toinen Kreegah Bundolon kustanne: Marko Turusen Lihat puntarissa.

De la viande de chien au kilo raconte l’histoire des parents de Marko Turunen. Violences conjugales, alcoolisme, précarité... tous les ingrédients se trouvent théoriquement réunis pour un puissant avatar du réalisme social en bande dessinée. C’est pourtant un tout autre chemin que choisit d’emprunter Turunen. En témoigne le style laconique qui restitue le parcours chaotique de sa mère. Surtout, l’auteur finlandais, qui s’est imposé comme l’un des auteurs les plus marquants de ces dernières années avec La Mort rôde ici, Base et L’amour au dernier regard, reste fidèle à son déroutant mélange d’autobiographie et d’imagerie fantastique. C’est ainsi l’apparence d’animaux en peluche ou de personnages de bande dessinée animalière pour enfants, qu’il donne à ses protagonistes. Le grand-père ne brûle-t-il pas le doudou se sa fille lors d’un délire d’ivrogne ? Dans la partie centrale du livre, Turunen ressuscite son père pour livrer, à travers extraits de presse et de journal intime, un condensé de sa modeste carrière de catcheur. Les combats contre Crocodile, Lémurien ou Rat, font basculer l’oeuvre du côté d’une catharsis ludique. Les formes enfantines, électrisées par des couleurs criardes, témoignent en définitive de la violence familiale et sociale. De la viande de chien au kilo est une oeuvre pudique qui, derrière sa virtuosité, ses personnages dérisoires et son humour noir, cache un coeur d’or. « Dans une bagarre, un lutteur peut battre n’importe qui. Mais l’amour ne s’achète pas.»

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